Za de Jean-Luc Raharimanana
«Me surprendre à des rires inextinguibles alors que les témoignages sur les maltraitances se multiplient dans le pays. Rire sur les zozotements d’un homme tout juste sorti de prison et prétendant avoir perdu toutes ses dents après une torture. Le personnage de Za était né. Relâché et considéré comme fou, Za découvre que les gens ne rattachent plus ses propos à sa personne, que les mots redeviennent libres dans sa bouche, dans ses délires, que les mots reprennent sens multiples. J’ai entamé alors l’écriture de ce roman. Mais une écriture sans la moindre ligne d’abord, un vagabondage mental dans le non-sens, les jeux lilliputiens et les calembours, un aller-retour sans cesse entre la langue malgache et la langue française, et dans cette langue française une plongée dans l’étymologie et dans l’ancien français. Ambition démesurée d’écriture, il me fallait un personnage n’ayant plus rien à imposer, conscient qu’il est de l’inanité de ses paroles – lui, l’individu sans importance dans la longue histoire des langues. »
Raharimanana Jean-Luc
Quelque part au milieu de l’océan, une terre, une île, des rues, des décharges, des plaines immenses et oubliées où se déroulent des tragédies. Quelque part toujours sur une terre où dominent les puissants, Dollaromane à leur tête, des tirailleurs ou encore des femmes aux cheveux de paille et des ancêtres sur la piste de leur libido perdue. Entre le présent et le passé, la mémoire et l’actualité, un temps brouillé où rien ne distingue les faits d’hier et les faits d’aujourd’hui. Face à eux : Za, personnage démesuré à la recherche du corps de son fils emporté dans un ruisseau encombré de détritus, le « fleuve de cellophane ». Sa femme est folle, lui-même a connu la prison, la torture. Il invective, demande pardon, s’humilie, s’esclaffe, chante, récite des poèmes : Za, gorgé de barbarie, est réduit à la seule liberté qui lui reste, une liberté immense qu’il brandit dans son désespoir, celle du langage, celle du rire.
Un roman capital, d’une inventivité verbale inouïe, qu’on se surprend à lire avec une jubilation si cruelle …
L'auteur : Raharimanana, né à Madagascar, vit en région parisienne. Il a publié sept ouvrages dont Rêves sous le linceul (Serpent à plumes, 2004) et L’arbre anthropophage (Joëlle Losfeld, 2004).
Format : 14,5 x 19 cm304 pagesPrix de vente TTC : 19 €SBN : 2-84876-105-3 Parution : 3 janvier 2008